Bonjour à toutes et à tous,

Ecomail a réalisé un don de 1000 euros (Voir : le don) pour l'association Volée de Piafs.
Nous avons le plaisir de vous présenter l'interview de Julien Desre, membre de l'association.

Bonne lecture!

Comment est née l’association “Volée de Piafs” et où est-elle située ?

Le centre de soins Volée de piafs, fondé par Didier Masci et Marie Sillières, a vu le jour en juillet 2007. Basé à Languidic dans le Morbihan, il est l’un des trois centres de soins bretons et le seul de la région habilitée à recevoir à la fois des oiseaux marins et continentaux, des mammifères et des chiroptères.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre histoire et comment êtes-vous arrivés à faire le choix de créer un “ Centre de Sauvegarde de la Faune Sauvage “ ?

Comme beaucoup d'habitant de villes côtières en 1999, Didier Masci fut marqué par la catastrophe de l'Erika. Constatant l'ampleur des dégâts de la marée noire sur l'environnement, il décida d'agir et consacra les semaines et mois suivants à collecter, acheminer, soigner et laver les oiseaux victimes du navire. Il apprit aussi les espèces, leur vie, leurs besoins et leur espace vital. En 2000, une nouvelle marée noire souilla cette fois les côtes au large de l’Afrique du sud. Didier se porta volontaire pour partir là bas plusieurs semaines afin de porter secours aux oiseaux mazoutés.

Les mois qui suivirent, Didier, bénévole à Bretagne Vivante, continua d’arpenter les plages à la recherche des survivants qu'il envoyait ensuite vers les centres de soins. Les gens étaient de plus en plus nombreux à l’appeler pour lui signaler un oiseau en détresse.

En Décembre 2002, Le Prestige sombra et sa cargaison se déversa dans le golfe de Gascogne. Didier accompagna la clinique mobile créée après l’Erika afin d'appuyer l'installation de la structure et sa mise en route ; de soigner, laver les oiseaux et former les bénévoles. C’est là qu'il rencontra, sa compagne Marie et que l'idée d'un centre de soin germa dans leur tête. Centre qui vit le jour 5 ans plus tard.

En quoi consiste un Centre de Sauvegarde et pourquoi est-il nécessaire ?

La faune sauvage est victime de nombreuses atteintes d’origines diverses : collisions routières, dénichage, prédation par les animaux domestiques, blessures par les outils de jardin, dégradations des milieux naturels, pollution, piégeages, empoisonnements, conditions climatiques défavorables, … Souvent les animaux sauvages meurent, mais qu’en est-il de ceux que l’on retrouve blessé ? C’est là que les centres de sauvegarde interviennent.

Un centre de sauvegarde de la faune sauvage a pour objet de recueillir les oiseaux et mammifères sauvage terrestres et marins en détresse, pour les soigner en vue de les réintroduire ensuite dans leur milieu naturel. Le séjour des animaux dans un centre de sauvegarde a donc vocation à n’être que temporaire et les contacts avec l’homme sont réduits au stricte nécessaire afin de ne pas compromettre leur bonne réinsertion dans le milieu naturel. Les centres de sauvegarde sont donc des maillons indispensables dans la préservation de la biodiversité.

Quelles espèces recevez-vous au Centre de Sauvegarde ? Il y a t-il des périodes plus sensibles où vous recevez davantage d’animaux ?

Le centre accueille en moyenne 3000 individus par an, majoritairement des oiseaux (oiseaux marins, rapaces, oiseaux nocturnes, passereaux…) mais aussi des mammifères (chevreuils, hérissons, lièvres, martres, écureuils, chauves-souris…). Ce ne sont que des espèces sauvages européennes (environ 210 espèces).

Deux périodes sont particulièrement intenses pour nous. Le printemps, car il correspond à la période de reproduction des animaux, période sensible et primordiale pour la survie des espèces durant laquelle ils sont plus sensibles aux dérangements.

Et l’été, qui est une période où l’on profite beaucoup plus de l’extérieur et donc synonyme d’une pression humaine intense sur la faune sauvage.

Quels sont les bons gestes lorsqu’un animal blessé est trouvé par un particulier ?

1. Analyser la dangerosité de la situation, pour l’animal comme pour vous, afin d’éviter les prises de risques et les ramassages intempestifs.
2. Appeler le centre de sauvegarde de la faune sauvage le plus proche pour recevoir des conseils correspondant à la situation rencontrée.
3. Mettre l’animal en contention de la façon suivante : munissez-vous d’un linge (serviette, pull, tee-shirt, etc.) pour envelopper l’animal et cacher sa tête. Mettez-le dans un carton percé de trous (ou une caisse de transport), de taille adéquate, et tapissé de tissu. Ajoutez une bouteille d’eau chaude entourée d’un tissu (bouillotte). Fermez le carton et placez-le dans une pièce calme. Laissez l’animal tranquille. Ne rien lui donner (eau, nourriture, médicament) sans avis préalable d’un spécialiste.

Comment se passe l’ensemble de vos journées ? Avez-vous établi des protocoles particuliers pour venir en soin à la faune sauvage ?

Le fonctionnement du centre nécessite une équipe 7 jours sur 7. Le travail s’effectue de 8h à 23h en été et de 9h à 19h en hiver (avec des prises de poste en horaire décalé pour les soigneurs). Différentes actions sont réalisées :

- Accueil des animaux (enregistrement des entrées, baguages, pesé...)
- Vérification des différents animaux (petits mammifères, oiseaux marins, volières…)
- Soins et traitements des différentes pathologies (bandages, pommades, désinfections…)
- Préparation de la nourriture (soupes, poissons, poussins, croquettes…)
- Bricolage (électricité, plomberie, menuiserie, construction…)
- Nettoyage des différents box, enclos, ameublement/enrichissement…

Pour chaque espèce, un protocole de soins est établi. Ces protocoles sont établis en commun avec les autres centres de soins et permettent d’apporter des soins les plus précis possibles pour les animaux sauvages. Néanmoins, chaque espèce ayant ces spécificités, et chaque animal étant dans une situation qui lui est propre (âge, sexe, blessure, maladie, stade de son état de santé...etc) il est nécessaire d’adapter ces protocoles à chaque cas.

De manière globale, comment se passe le rétablissement des animaux ?

Chaque animal admis est examiné dès son arrivée afin de définir les soins à lui donner et de savoir où l’animal sera placé : en cage de contention pour des soins intensifs, dans un box pour une remise en forme, en volière pour la réhabilitation.

Mais cela peut aussi mener à une visite chez le vétérinaire pour être opéré ou bien euthanasié sur décision vétérinaire. Cela arrive dans le cas d’une blessure trop grave pour être soignée ou d’une infection trop importante. Les soins sont multiples : médicamenteux, chirurgicaux, ou bien consolidation par bandage. Le nourrissage fait aussi parti des soins lorsque l’animal est seulement affaibli ou dans le cas spécifique des juvéniles qui ont besoin d’être nourris/gavés, voire biberonnés à intervalles de temps réguliers, de jour comme de nuit.

Quand l’animal est capable de se déplacer et de se nourrir seul, il est placé en volière (si c’est un oiseau), ou en enclos (si c’est un mammifère), afin qu’il se remuscle, qu'il réapprenne à voler et à se laver. Par la même occasion, cette étape permet à l'animal d'oublier la présence de l’homme. Dix à quinze jours minimums sont requis pour une réhabilitation réussie. Parfois, elle dure plusieurs mois. ​

Autour du centre de Sauvegarde, vous disposez d’un ensemble de terrains : prairies, forêts et zones humides. A quoi sert l’ensemble de ses divers terrains ? Est-ce un choix dès la conception de votre projet ?

C’était à la fois une volonté dès le départ et une opportunité à saisir. En effet, ces espaces permettent la réhabilitation des animaux dans un environnement correspondant à leurs exigences écologiques. Par exemple, un écureuil vit dans les arbres, cachés, alors sa réhabilitation se fait dans un enclos qui contient des arbres et des branchages permettant de se cacher. Les grands mammifères quant à eux, tel que le chevreuil ont besoin de grands enclos extérieurs.

Mais ces espaces permettent aussi le relâché de certaines espèces. En effet, chaque espèce appartenant à un milieu naturel précis, nous respectons cette nécessité écologique au moment du relâché. Ainsi, la forêt permet en autre le relâché des chouettes et des écureuils, la prairie des hérissons et rapaces...

Votre projet de centre de démazoutage pour oiseaux et mammifères marins est-il toujours d’actualité ?

La mise en place d’un centre de démazoutage nécessite beaucoup de temps que ce soit pour la recherche de financements ou l’obtention des autorisations. Par ailleurs, le contexte sanitaire lié au Covid 19 a mis beaucoup de nos projets en stand-by. Ainsi, la création de ce centre est actuellement suspendue. Mais nous espérons pouvoir reprendre ce projet, qui nous tient énormément à cœur, en 2021.

Comment pouvons-nous vous venir en aide sur le terrain en tant que bénévole ?

Nos bénévoles réalisent différentes tâches selon les besoins :

- Appui à l’équipe de soigneurs pour la préparation de la nourriture et le nettoyage des enclos et box.
- Appui administratif au sein de l’association (tenue des registres d’entrée et de sortie des animaux, saisie des dons et des adhésions, rédaction et communication, etc.).
- Appui occasionnel lors de chantiers de construction ou de tâches d’entretien du site.
- Appui à la sensibilisation avec la préparation et la tenue de stands d’information et de sensibilisation lors d’événements ou festivals divers.

Interview signée Julien Desre. Chargé de développement de l'Association Volée de Piafs - Centre de Sauvegarde de la Faune Sauvage